Anarchisme à Perpignan

Synopsis

« L’anarchisme est le plus haut degré de liberté et d’ordre auquel l’humanité puisse parvenir », Pierre-Joseph Proudhon


L’anarchisme est un mouvement d’idée et d’action fondé au cours du XIXe siècle visant à développer une société dénuée de toutes formes d’autorité et de domination intellectuelle, économique, physique et politique ; où les principales valeurs seraient le partage, l’entraide, la justice sociale. Il s’agirait d’une société autogestionnaire et libertaire.


« Aujourd’hui norme et règle sociale sont ressenties comme choses imposées car précisément nous vivons dans une société hiérarchique où nous n’avons rien décidé et en rien participé. », d’après l’Organisation Anarchiste.


L’idéologie anarchiste a pu être mal perçue par une partie de la population qui considère qu’elle signifie absence de règles et chaos. Selon cette idéologie pour que liberté existe, il faut apprendre à s’organiser en société avec un but commun. Les normes et les règles seraient donc essentielles à une organisation pérenne. Mais ces règles devraient être établies par et pour l’ensemble des individus, en se débarrassant de toutes exploitations, oppressions et aliénations provenant de l’organisation hiérarchique actuelle.


Selon l’Organisation Anarchiste, « Le refus de participer à la mascarade électorale n’est pas un acte passif, […] mais un refus d’entretenir l’illusion ».

L’idéologie anarchiste résonne dans les locaux du groupe anarchiste de Perpignan, PUIG ANTICH en hommage au célèbre libertaire catalan, membre actif du Mouvement Ibérique de Libération (MIL) assassiné en février 1974 par le régime franquiste. Ce groupe a été fondé en 1980 et est devenu membre de la Fédération Anarchiste (FA) à partir de 1984. Il compte aujourd’hui une vingtaine de membres actifs.
Edward SARBONI, ancien « pigiste », notamment à L’Artisan catalan et à L’Indépendant, ancien formateur et ancien enseignant au sein de la Mission générale d’insertion de l’Éducation nationale et auteur d’ouvrages militants et historiques, fut intervenant au premier colloque national sur l’anarchisme à Perpignan en 1995. Il fut mandaté au secrétariat des relations intérieures de la FA en 1998 et 1999. Le groupe Puig Antich auquel il appartient, en désaccord avec certains des modes de fonctionnement de la FA, se dé-fédéra de cette organisation et participera à la création de la Coordination des Groupes Anarchistes (CGA) avec l’Union régionale Sud-Ouest de la FA et le groupe de Montpellier. Après le massacre perpétré à « Charlie Hebdo », le groupe Puig Antich, ainsi que d’autres groupes anarchistes hexagonaux partiront de la CGA. Cette dé-fédération fit suite à de profonds et nombreux désaccords rendant impossible leur union.
Les anarchistes sont contre l’instauration d’un pouvoir fort ou un Etat ultrasécuritaire et totalitaire visant à réprimer les masses qu’ils considèrent comme un Etat fasciste. Ils rejettent le gouvernement actuel et notamment la « loi asile et immigration » qui donne matière, selon eux, à des inspirations fascistes car radicales, racistes et violentes pour de nombreux groupes identitaires. Ils ne se sentent appartenir à aucune nation, mais au peuple du monde, à une Humanité sans frontières et une solidarité internationale. En somme à un mondialisme social, antifasciste et non ultra libéraliste.
L’anarchisme prône l’égalité des genres mais ne se reconnaît pas dans le féminisme radical. Il lutte contre l’ensemble des oppressions individuelles engendrées par la société capitaliste comme la classification par genre, race, sexualité et handicap. Par conséquent, ce n’est pas l’homme qui doit être rejeté par les féministes mais le capitalisme. En effet, les anarchistes font une analogie entre la croyance patriarcale selon laquelle les hommes sont faits pour dominer les femmes et celle selon laquelle les classes supérieures sont faites pour dominer les autres classes sociales.
En voulant détruire le système patriarcal, qui ne reconnaît que deux identités possibles, hommes et femmes, les anarchistes luttent contre l’homophobie, le sexisme et la transphobie.
Depuis le 17 novembre 2018, tout comme le mouvement anarchiste, le mouvement des Gilets jaunes, a voulu contrer de nombreuses inégalités sociales causées par le système de domination capitaliste, la manipulation médiatique, la servitude politique, économique et intellectuelle.
Sous beaucoup d’aspects cette similitude d’avec le mouvement anarchiste, est palpable et/ou réelle. Pour autant, la revendication qui consiste à proposer un Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC), n’en fait pas partie. En effet, d’après Edward SARBONI, « les idées anarchistes s’appuient sur le principe de démocratie directe et l’action directe, sans intermédiaires, des individus et des collectifs, qui impliquent la participation et la responsabilité de tous, dans les prises de décisions qui intéressent la collectivité. », « Sans un changement radical de système, changement révolutionnaire, toutes les solutions intermédiaires ne sont que des palliatif ». Pour Edward SARBONI, « Comment penser sérieusement que ce système puisse accepter d’intégrer la plus infime forme de RIC et courir le risque de se faire désapprouver ? »
Lors de la manifestation du 06 Février 2020, à Perpignan, il y a eu une altercation entre les membres de la CGT et les anarchistes. Les anarchistes n’appartenant pas aux mêmes revendications que les autres cortèges se sont vus attaqués par la CGT qui n’acceptait pas que les anarchistes se placent devant leur banderole et non derrière. Pour l’Organisation Anarchiste, le Syndicalisme défendait à son origine une dimension anticapitaliste, anti étatique et antipolitique. Il se voulait syndicalisme-révolutionnaire. Il était contre la domination bourgeoise, l’exploitation au travail, l’aliénation de la majorité des femmes et des hommes au profit des patronaux et du gouvernement. Ce syndicalisme préconisait l’Autonomie dans les luttes et l’Indépendance. Mais aujourd’hui, « Le syndicalisme, colonisé et caporalisé par l’intrusion des « politiques » en son sein, s’est vidé de sa substance révolutionnaire pour ne se satisfaire de nos jours que d’un rôle de partenaire ».
Les anarchistes se battent contre le capitalisme qu’ils considèrent comme « un système qui ne s’intéresse qu’aux bénéfices, à l’exploitation des ressources et qui s’attaque à l’humain ». Selon Edward SARBONI, « il recherche les profits sur le dos des travailleurs piégés dans les chaînes du travail salarié et aliéné ». Pour eux, il est donc essentiel de substituer à cette organisation « verticale » centralisée une organisation « horizontale » qui reposerait sur l’association libre des individus. Toutes les décisions seraient prises par les personnes intéressées sous la forme d’accords contractuels volontaires. La surproduction serait bannie de cette société puisque la production se ferait en fonction des besoins des populations.
Selon Pierre-Joseph Proudhon, « la propriété c’est le vol ». En somme, pour les anarchistes, il est nécessaire de répartir de manière égalitaire les richesses. Et pour qu’une amélioration profite à tous il faudrait détruire les privilèges donnés aux patrons. Ils entendent renverser le travail salarié et aliéné, ainsi que la propriété privée et étatique, qui sont les fondements économiques du Capitalisme. Selon Edward SARBONI, « L’égalité économique et sociale sera une réalité quand la richesse  » matérielle et immatérielle « , c’est-à-dire la propriété commune de tous les producteurs, sera au point d’équilibre et que le travail deviendra parallèlement une activité créative autonome et librement associée. L’anarchisme permettrait la mise à disposition à chaque travailleur des moyens nécessaires pour vivre et produire. »
Les anarchistes se disent appartenir au mouvement « abstentionniste révolutionnaire ». D’après un article du journal Infos et Analyses Libertaires, « entre le « devoir du citoyen » qui se limite à l’obligation qui nous est faite de déposer un bulletin dans une urne et ainsi d’abandonner notre propre souveraineté et la démarche politique et militante de participer directement aux débats sociétaux ainsi qu’aux prises de décisions liées à la nécessité de changer de système, les anarchistes font le choix de s’inscrire dans le rôle d’acteurs et non de spectateurs. »
Pour Edi Nobras, membre de la Coordination des Groupes Anarchistes, « la nécessité de l’organisation dans la vie sociale est une chose tellement évidente qu’on a peine à croire que certains puissent la discuter. L’organisation du mouvement social dans sa résistance à l’état et au capitalisme est aujourd’hui la voie de recours, même si les anti-organisationnels restent encore nombreux. » Et « la mise en marche d’institutions anarchistes dans lesquelles les individus pourront vivre, créer l’égalité, la justice et ainsi leur propre liberté est un type d’organisation en totale cohérence avec les tentatives de réalisations révolutionnaires. »
Pour les anarchistes, seule l’autonomie de l’individu en société permettrait l’apparition de la liberté. La liberté de l’Homme (son autonomie) est née à partir des processus de rébellion contre l’Autorité et de l’auto-construction du social. Pour répondre aux questions sociales et politiques, ils proposent une organisation sociale basée sur l’autogestion généralisée de la société et sur le fédéralisme. Selon eux, la gestion directe de la société, de la production et de la distribution des biens et des services peut se construire dès à présent au sein des luttes autonomes.
Pour les anarchistes, la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » inspirée de la philosophie des Lumières, visant à émanciper la population du dogme religieux et du pouvoir despotique, ne semble pas respectée dans notre société. Comment parler de « Liberté » quand l’« Egalité » et la « Fraternité » ne sont que des slogans démentis quotidiennement au sein des sociétés étatiques, libérales ou sociales-démocrates, des sociétés qui précarisent et isolent les individus. Leur devise « Ni dieu, ni maître » exprime donc leur refus et leur rejet de toutes formes de pouvoir, de domination et de toutes les religions, considérées « comme des doctrines et obstacles qui entravent les populations, les empêchant de penser librement. »
Les anarchistes sont, depuis les origines, conscients de l’importance de l’instruction et de l’éducation des enfants. Le système éducatif actuel est considéré comme un moyen de perpétuer les divers systèmes de domination, d’aliénation et d’exploitation. Ils recommandent donc une éducation libertaire où l’enfant a son « libre arbitre » et où sa conduite ne doit se limiter ni à ses parents, ni aux professeurs, ni à l’état, mais à lui-même. Il s’agirait de donner des outils et des ressources utiles à la trajectoire propre à chaque enfant. Des « chemins » pédagogiques, qui mènent vers l’autonomie que doivent s’approprier les « apprenants ». « Dans ce type d’écoles la compétition n’y aurait pas de place. En revanche, la place de la pratique autogestionnaire devrait permettre l’émergence d’individus responsables et autonomes. Elles ne viseraient pas à faire des anarchistes en devenir mais permettraient d’acquérir les moyens individuels et collectifs du « vivre selon des règles construites ensemble » ».

Reportage vidéo

Sources

La Coordination des Groupes Anarchistes : https://www.c-g-a.org/

Fédération Anarchiste : https://www.federation-anarchiste.org/

Infos et Analyses Libertaires – Groupe Puig Antich : http://infosetanalyseslibertaires.org/

Contact : Groupe Puig Antich – Organisation Anarchiste
oa@infosetanalyseslibertaires.org
Secrétariat
Groupe Puig Antich
2, rue Théodore Guiter
BP40233 Perpignan – cedex
contact@groupe-puig-antich.info

Pour en savoir plus…

Auteur(e)s conseillé(e)s par les membres du Groupe Puig Antich :

  • Alexandre Skirda
  • Louise Michel
  • Daniel Guérin – L’Anarchisme : de la doctrine à l’action
  • Jean Maitron – Le Mouvement anarchiste en France
  • Gaston Leval
  • Max Stirner
  • Emma Goldman – L’épopée d’une anarchiste
  • May Picqueray – May, la réfractaire
  • Rudolf Rocker – Nationalisme et culture
  • Sébastien Faure
  • Mikhaïl Bakounine
  • Pierre Kropotkine
  • Errico Malatesta
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