La précarité des peuples de la langue Maa dans la Vallée du Rift

Avec la crise sanitaire, de nombreux enfants ont été obligés de quitter l’école pour travailler avec leur famille. Des milliers de filles de 12 à 18 ans ont dû se prostituer et sont tombées enceintes, accentuant leur précarité.

Synopsis

La vallée du Rift est la partie kenyane d’une longue faille qui s’est formée il y a 8 millions d’années et qui s’étend de la Mer Rouge au Mozambique. Longtemps considérée comme le berceau de l’humanité, cet espace est aujourd’hui habité par les nilotiques, peuples indigènes provenant de la haute vallée du Nil.

Il comprend de nombreuses ethnies et notamment les peuples de la langue Maa : les Maasaïs, les Samburus et les Ilchamus.

Malgré les 87,9 milliards de dollars de PIB que le Kenya a engendré en 2018, ces populations font parties des plus pauvres, leur revenu annuel étant inférieur aux 300 euros de la moyenne nationale. Les changements sociétaux ont obligé une grande partie de ces tribus d’éleveurs semi-nomades à se sédentariser et à se convertir progressivement à l’agriculture.

L’accès à l’eau est encore aujourd’hui aléatoire. Il dépend de la pluie, de puits, d’étangs et de camions-citernes souvent éloignés des foyers. La majorité des indigènes habite dans des villages traditionnels, aux huttes en torchis sur terre battue. Ils vivent dans des conditions sommaires et parfois précaires. L’accès à la santé et à l’éducation est encore difficile dans cette zone du pays, avec parfois des kilomètres à parcourir pour parvenir aux infrastructures.

Depuis la pandémie, la pauvreté n’a fait que s’accroitre et la condition féminine a fortement régressée.

Afin d’aider les populations kenyanes, des missions humanitaires sont mises en place avec l’aide de partenaires locaux. Elles doivent affronter de nombreux problèmes dont la pollution, les dérèglements climatiques et la corruption.

Avec la crise sanitaire, de nombreux enfants ont été obligés de quitter l’école pour travailler avec leur famille. Des milliers de filles de 12 à 18 ans ont dû se prostituer et sont tombées enceintes, accentuant leur précarité.
L’entrée dans l’âge adulte est marquée par une cérémonie de circoncision pour les garçons qui deviennent guerriers Moran, et une cérémonie d’excision pour les filles afin de les marier. En mars 2021, La Haute Cour du Kenya a confirmé l’interdiction des mutilations génitales féminines, déjà jugées illégales depuis 2011.
De nombreuses familles pauvres considèrent les filles comme un investissement et les marient pour la plupart encore enfants. Ils reçoivent une dot de bétails lors du mariage.
Une forte vague d’évangélisation a amené certaines femmes à rejoindre des paroisses catholiques et devenir prêtresses ou sœurs pour « faire des choix libres » c’est-à-dire faire des études, vivre seule et sans enfant.
A Samburu, seulement 37% des femmes accouchent dans des maternités. Beaucoup meurent par manque d’argents et de services adéquats à proximité. D’autres sont atteintes de fistule, la plupart étant trop jeunes pour enfanter.
Malgré les milliards générés par les safaris, parc nationaux et réserves situés sur les terres des « peuples Maa », ces derniers restent dans une très grande pauvreté. Et l’impact de la Covid sur le tourisme n’a fait que l’accentuer.
Leurs principaux moyens de rémunération sont devenus la vente de bijoux, les spectacles de danse et les visites de villages auprès de touristes. Ils se sentent souvent « enfermés » dans des parcs nationaux où ils deviennent de véritables attractions et perdent leur mode de vie originel en se sédentarisant.
Les lacs de la vallée du Rift, tout comme le lac de Baringo, ont connu une incroyable montée des eaux depuis 50 ans, entrainant la migration de dizaines de milliers de personnes. D’après les scientifiques elle serait liée aux dérèglements climatiques et à la déforestation.
Depuis 2017, le pays essaie de lutter contre la pollution liée au plastique, en mettant en place des lois strictes. Mais d’après le New York Times de septembre 2020, il subit des pressions de lobbys américains qui souhaitent revenir sur ces restrictions.
Comme beaucoup de fonctionnaires, des policiers souvent sous-payés utilisent tous les prétextes possibles pour soutirer de l’argent aux populations, touristes et missions humanitaires venant aider leur pays.
Au côté de l’Etat, des missions humanitaires aident les populations défavorisées, en construisant différents projets répondant à leurs besoins comme ceux du Comité de Jumelage d’Alenya des Pyrénées-Orientales, d’Electriciens sans frontières (ESF) et de Sud Roussillon. La danse est une manière de célébrer cette collaboration.
Dans cette région semi-aride, des lots de matériel scolaire et des jouets sont distribués. Ils représentent un support indispensable à l’éducation des enfants et un moment d’euphorie partagé entre filles et garçons.
L’accès à l’école primaire est gratuit au Kenya, cependant de nombreuses écoles ne sont pas approvisionnées en eau et en nourriture, obligeant les enseignants à renvoyer les enfants chez eux le midi pour le reste de la journée.
Depuis 20 ans, c’est au total 3 centres de production d’eau potable avec 26km de réseaux, 2 salles de classe, 1 maison de santé et 1 maternité, construits par le Comité de Jumelage d’Alenya, ESF et Sud Roussillon dans la vallée du Rift.
Dans le comté de Baringo, l’accès à l’eau potable permettra à ces enfants de ne plus parcourir 5km par jour avec 20kg d’eau sur la tête et d’économiser des heures précieuses pour leur éducation, générant l’espoir d’un avenir différent.
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